Le Ramadan vu du Maroc
Alors que débute le mois le plus important du calendrier musulman, période de jeûne, mais aussi période festive, Afrik a contacté des Marocains pratiquants pour connaître leur quotidien Le premier jour du mois du Ramadan, un des cinq piliers fondateurs de l’Islam. Période de jeûne obligatoire (Sawn, en Arabe) imposée par le Coran pour tous les musulmans pratiquants, le Ramadan est le neuvième mois lunaire musulman). Jusqu’au 24 octibre 2006 prochain, plus d’1,25 milliard de personnes (dont 7 % de la population française) vont s’abstenir de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles entre le lever et le coucher du soleil. Plus drastique, pendant cette période, il est interdit de jurer, de dire du mal d’autrui, de se mettre en colère ou de respirer du parfum. Interdite aux enfants, aux personnes rendues vulnérables par l’âge, la grossesse ou la maladie, la pratique du Ramadan consiste paradoxalement a se ressourcer par une introspection tout en s’ouvrant aux autres. « Ramadan » vient de l’arabe ramida ou amramad, soit une sècheresse intense et brûlante du sol en particulier. Il est question de purification spirituelle et physique. Période d’abnégation, par les bonnes actions accomplies, le Ramadan brûlerait les pêchés comme le soleil brûle le sol. Comment vit-on le mois du Ramadan ‘ C’est à cette question qu’ont répondu, pour Afrik, des Musulmans depuis le Maroc.
Abdel Gide, employé service Météo, Dakhala
« Un moment sacré qui nous oblige à réfléchir »
« Pour moi c’est un moment sacré qui nous oblige à réfléchir, à répondre à la vie. Nous allons mourir un jour, on va être devant Dieu. »
Nejma, responsable logistique et accueil, hôtel Atlas Sahara Trek, Marrakech
« Pendant le Ramadan, je fais le bilan de ma vie »
« Pendant le Ramadan, je fais le bilan de ma vie, c’est quelque chose de spirituel. Côté professionnel, cette année le Ramadan tombe en haute saison, nous avons une grande activité, les touristes vont et viennent sans vraiment se soucier de la particularité de l’époque. Comme beaucoup de gens travaillent, c’est un peu difficile à gérer. On termine le travail vers 15 heures pour rentrer chez soi tôt, quitte à revenir après avoir rompu le jeûne, tout dépend de l’activité. L’ambiance est un peu tendue pendant le Ramadan, la faim et surtout les fumeurs en manque contribuent à cela ».
Rachida, vendeuse dans une coopération artisanale, Essaouira
« Il y a un sentiment de culpabilité chez ceux qui ne le font pas »
« C’est le mois de la spiritualité par excellence. C’est un moment pour penser à sa relation au monde, une sorte de flash back pour corriger le cours de sa vie. C’est un moment de purification. On fait un peu la grâce matinée puisqu’au lever du soleil à 5 heures pour manger. Le matin ça va, l’après midi c’est plus dure, surtout pour ceux qui fument habituellement et qui s’excitent. Je dirais que 80 % des gens font le Ramadan. Parmi les autres, il y a ceux qui ne doivent pas et bien sûr, ceux qui ne pratiquent pas. Mais ceux-là ne le crient pas sur les toits. Il y un sentiment de culpabilité par rapport à l’ensemble.
Lina, animatrice télé et étudiante en 4ème année de médecine, Casablanca
« C’est le plus beau moment de l’année »
« C’est le plus beau moment de l’année. C’est un moment de purification spirituel et physique. On s’éloigne de ses contrariétés, on cherche à aider les autres, on se rapproche des siens. Après le tarwih, la prière spéciale du Ramadan que l’on fait le soir dans les mosquée, on se retrouve en famille ou on sort faire la fête avec les amis ».
Rachid, Directeur Général de Carsons wagon, Casablanca
« Dans le travail, les horaires restreints sont compensés par un travail personnel après la rupture du jeûne »
« Je vis très bien cette période. C’est le mois le plus important pour nous. C’est une période d’abstinence et de prise de conscience des maux des autres. Dans le travail, les horaires restreints sont compensés par un travail personnel après la rupture du jeûne. Nous consacrons beaucoup plus de temps au travail religieux. Il est très important de respecter une bonne hygiène de vie et de ne pas trop manger le soir ».
Amal, responsable de l’hôtel Riad Louna, Fès
« Les femmes qui travaillent peuvent difficilement suivre le rythme »
« C’est la période la plus importante. J’ai été élevée à l’occidentale, mais pendant le Ramadan, j’évite les pantalons moulants et autres pour ne pas me faire remarquer. Pour les femmes c’est une très grande charge. Celles qui travaillent peuvent difficilement suivre le rythme. Moi je rentre tard, je n’ai pas le temps de cuisiner alors je mange chez maman ou chez belle-maman… Il y a une ambiance très particulière, c’est fantastique. Malgré le jeûne, les quartiers sont très vivants. Les clients (étrangers, ndlr) de l’hôtel aiment le mois du Ramadan parce que c’est la fête toute la journée. Il y en a même qui essaient de suivre le jeûne !